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Langues, littératures et cultures dans la caraïbe

Vient de paraître chez LEGS ÉDITION, avec le support de l’Institution Éducative Notre Dame (INEND) et Carrol F. Coates, professeur émérite de Binghamton University, le neuvième numéro de la revue Legs et Littérature consacré à la thématique « Langues, Littératures et Cultures de la Caraïbe ». Avec la participation d’une vingtaine de contributeurs, la plupart des chercheurs d’horizons divers, ce nouveau numéro aborde de manière transversale de grandes questions liées à l’espace caribéen entre autres l’art, la langue, la littérature, l’histoire, la politique. Il sera disponible en Haïti à l’occasion de la 23ème édition de Livres en folie, les 15 et 16 juin 2017.

Extrait de l’éditorial :

Outre le passé colonial et esclavagiste qui est l’une des spécificités de la région, c’est aussi « une zone géopolitique où les violences politiques sont multiples et ce quelle que soit la nature politique des régimes en vigueur[1] ». Autrement dit, elle constitue un lieu d’instabilité miné par les tensions et les luttes politiques pour/dans l’exercice du pouvoir, la misère chronique due à une économie exsangue, un environnement ravagé par les cyclones et les catastrophes naturelles.

[…] « Espace tropical situé à la confluence de l’Amérique[2] », né du métissage, la Caraïbe, pour reprendre une expression de Romain Cruse est « un territoire à géométrie variable[3] » si l’on tient compte de l’ensemble des paradoxes entourant l’espace au regard des représentations qui en découlent. Claudy Delné suggère de « l’appréhender en tant que conscience insaisissable » vu toute la complexité de parler de « l’existence certaine d’une véritable communauté caribéenne » tel que le souligne Michel Giraud[4],  mais de « se concentrer sur le patrimoine commun » entre autres la créolisation perçue selon Giraud comme un processus de fabrication culturelle[5]. Ce qui donne raison à Delné d’affirmer que « la Caraïbe est un humanisme ». Dans son article, Audrey Debibakas évoque la Caraïbe sous la notion d’archipel dans la mesure où il s’agit d’une « unité diffractée sous forme de traces, de pulsions et d’élans mais qui se traduit aussi et essentiellement et par la présence douloureuse du manque ». Aussi parler de ce bloc revient-il à soulever la question de la mémoire (collective), le déplacement et la dispersion puisque la population caribéenne est composée de toutes ces ethnies ayant « vécu une brutale rupture de filiation avec leur terre matricielle. Le lieu n’est donc dans ce contexte jamais acquis et habité. On est face à une perpétuelle ‘‘recherche du lieu’’ ».

[…] Loin la prétention d’avoir tout évoqué au sujet de ce bloc complexe et métissé qu’est la Caraïbe, ce numéro apporte un grand éclairage avec des voix et des regards multiples sur ces sociétés ayant « donnée naissance à des modes de vie originaux, dont les arts et la littérature témoignent[6] ».

[1] Laurent Jalabert, « Les violences politiques dans les États de la Caraïbe insulaire (1945 à nos jours) », Amnis, 3, 2003. https://amnis.revues.org/484. Consulté le 9 mai 2017.

[2] Eric Dubesset, « Penser autrement l’identité régionale caribéenne », Études caribéennes, no 21, avril 2012. https://etudescaribeennes.revues.org/5739. Consulté le 9 mai 2017.

[3] Romain Cruse, « La Caraïbe, un territoire à géométrie variable », Visionscarto, 23 novembre 2013, https://blog.mondediplo.net/2012-11-23-La-Caraibe-un-territoire-a-geometrie-variable. Consulté le 7 mai 2017.

[4] Michel Giraud, « Faire la Caraïbe, comme on refait le monde », Pouvoirs dans la Caraïbe, 14, 2004, https://plc.revues.org/252. Consulté le 9 mai 2017.

[5] Ibid.

[6] Dominique Chancé, Histoires des littératures antillaises, Paris, Ellipses, 2005, p. 6.

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