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Les immortelles de Makenzy Orcel, un hommage aux prostituées

Makenzy Orcel est cet écrivain qui a su trouver sa voie, comme beaucoup d’autres, après la catastrophe majeure du 12 janvier 2010, en nous livrant ce roman aux mille cris sur la vie des belles de nuit de la Grand-Rue: Les immortelles.

Ce livre est probablement le premier à avoir évoqué la « chose » qui n’a de cesse de blesser notre âme, et aussi le premier à avoir donné la parole à cette catégorie sociale. Paru pour la première fois en 2011 aux Éditions Mémoire d’encrier au Canada, il a été réédité à deux reprises. D’abord, par les éditions Zulma en 2012 et récemment, soit en 2014, aux Éditions Points en France. Il raconte l’histoire de la rencontre d’un écrivain et d’une pute dans un bordel au bas de la ville. L’action se déroule à la Grand-Rue.

Dans l’un de ces bordels aux couleurs vives au cœur de la nuit, le « Christiannime hôtel ». Une prostituée est en pleine conversation avec un client. Elle ne sait pas qu’elle est en présence d’un écrivain. Aussitôt qu’elle l’a appris, elle lui demande d’écrire l’histoire de la petite Shakira enfouie sous les décombres. En échange, elle fera don de son corps. Surnommée la petite, Shakira est une jeune pute, âgée seulement de 12 ans, arrivée au bordel une nuit de grande averse. « Les immortelles » c’est non seulement l’histoire de la petite, mais aussi de toutes les putains du centre-ville de Port-au-Prince, coincées sous les décombres.

Un roman de corps à corps

Dans ce roman, sélectionné par le jury du prix Sade 2012, Makenzy Orcel donne la parole aux marchandes de plaisir, ces vendeuses de chair du bas de la ville. Un récit morcelé, à plusieurs voix, qui met en relief le quotidien de ces filles de joie de basse condition. Roman de corps à corps, il sent le sexe, la douleur, la misère et la mort. C’est, en quelque sorte, un hommage à toutes les prostituées du monde entier, ces anonymes ou ces oubliées de la société. Par son action, la prostituée a voulu immortaliser la petite Shakira et toutes les autres putes qui mènent la vie dure au centre-ville, et attirer le regard sur le genre de vie qu’elles mènent pour gagner le primum vivere.

Même si Orcel ne parle pas forcément [que] de sexe, de mort, il fait de Les immortelles une œuvre de grande solidarité humaine.

Mirline Pierre

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