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Poétique de la sexualité. Legs et Littérature no 13

Poétique de la sexualité, telle est la thématique du treizième numéro de la revue Legs et Littérature paru en août 2019 sous la direction de Loudiyi Mourad et Ulysse Mentor. En 300 pages, ce volume a passé en revue la représentation de la sexualité, du corps –qu’il soit masculin ou féminin – dans la production littéraire francophone.   

L’idée de départ ou plutôt le prétexte de ce numéro est de traiter des enjeux, des problèmes, des tensions et contradictions qui se déploient sur la représentation de la sexualité normative ou déviante au sein de la littérature francophone, avec comme lieu commun la sexualité sujette à une conception occidentale du sexe, du corps, du genre, du plaisir charnel, de la pratique sexuelle, de la normalisation sexuelle… Les écrivains sont-ils libres de parler du corps ou de décrire les scènes sexuelles dans leurs œuvres ? Est-il encore, de nos jours, impudique de parler du corps, du sexe en littérature ? Qu’est-ce qui est considéré comme tabou et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Dans son éditorial intitulé « Pour une poétique (trans-gressée) du corps : de la sexualité comme intimités (im)parfaites », le docteur Loudiyi soulève la question : « La sexualité, tout comme l’érotisme, chez les auteurs contemporains, est-elle toujours considérée comme une valeur à même de transfigurer l’être, son entité et son existence ? ». Autant dire que ce ne devrait pas être un sujet qui étonne. L’homme étant un être sexué, il ne peut, en aucun cas, se passer du fait sexuel.

Composé de onze articles traitant de la question du sexe dans l’œuvre littéraire, d’un portrait et d’un entretien, de trois notes de lecture et cinq textes de création, le 13e numéro de Legs et Littérature est d’une richesse assez rare. Comme toujours, les textes publiés dans ce volume sont bien documentés tant les questions sont soulevées avec tact et profondeur. Les approches sont nouvelles, les réflexions très poussées. La sexualité, ou encore le rapport au corps comme objet, est étudiée sous différents angles. Dans son éditorial, le Dr Loudiyi se propose de voir les différentes acceptations ou appropriations du corps comme support de l’érotisme par les penseurs au fil des époques et le rapport qui en découle dans son rôle de transfiguration de l’être et son existence. Selon les propos du professeur, suivant les siècles et les cultures, « la littérature pense le sexe non pas comme une pléthore d’actes qui satisfont un besoin instinctif, pour ne pas dire animal, justifié par la nature des corps, mais un phénomène et un processus scripturaire, avec une profonde charge signifiante, comme le creuset où s’expriment des relations sociales et de possibilités physiques auxquelles sont allouées des notifications socialement arrangées ». À ce stade, la sexualité cumule toute une série de charges symboliques et culturelles. D’où « L’écriture du sexe, poursuit-il, est bien plus qu’une représentation des corps en fête et en défaite des syncopes du plaisir et des ravissements de l’amour ».

Entre transgression, homosexualité, désir (féminin), fantasme et pornographie, ce numéro de Legs et Littérature tente d’analyser comment des œuvres romanesques ont remis en cause, de façon avant-gardiste, les normes de sexe, de genre et de sexualité dans l’écriture de fiction.

Il est à rappeler que ce numéro a reçu le précieux support financier de la Fondation connaissance et liberté (Fokal) pour sa réalisation.

Les contributeurs de ce numéro : Anne-Laure Andevert, Jéléna Anctic, Tawfiq Beldadel, Daouda Coulibaly, Arnaud Delcorte, Claudy Delné, Marine Deregnoncourt, Marie-Josée Desvignes, Kokouvi Dzifa Galley, Umut Inescu, Mourad Loudiyi, Kesse Edmond N’Guetta, Khalil Ibrahim Oukhadda, Dieulermesson Petit-Frère, Éloïse Philippon, Carl-Henry Pierre, Fellahi Salma, Gomongo Nargawélé Silué, Marie Alice Théard, Lyonel Trouillot, Françoise Urban-Menninger, Guilioh Merlain Vokeng Ngnintedem

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