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Mimola d’Antoine Innocent disponible en poche

En 1906, Antoine Innocent publia Mimola, le premier roman qui lève le voile sur le vaudou. Ce récit profondément ancré dans les mœurs haïtiennes ou paysannes a sonné le glas du roman urbain qui mettait en scène la petite bourgeoisie haïtienne pour se consacrer aux croyances et les manières de vivre et de penser des gens de moyennes conditions. En se focalisant exclusivement sur les valeurs et les croyances de cette catégorie sociale particulière, Innocent fait le lien de la période classique –le post-classique précisément – et la période indigéniste appelée aussi culturo-nationaliste (1915-1957). Mimola, est, à cet effet, une œuvre de transition. C’est le premier roman indigéniste haïtien.

Innocent est le premier romancier à avoir abordé le vaudou dans son œuvre –ce qui fait de lui un pionnier – longtemps perçu comme une boîte de Pandore. Mimola est de ce point de vue, un texte fondateur pour avoir ouvert la voie au roman indigéniste voire rural et paysan.

Quoique décrit par la plupart des critiques littéraires de la génération de Pompilus comme un romancier national au même titre que Marcelin, Hibbert, et Lhérisson, Innocent semble bien se démarquer de ses contemporains en traitant un sujet pas du tout à la mode à l’époque. Il est plutôt un indigéniste avant la lettre, un éclaireur qui a tracé la voie à ses successeurs dont Jean-Price Mars le maître à penser du mouvement. Pour Joubert Satyre, il l’auteur « du premier roman ethnographique haïtien ».

Ayant fait l’objet de plusieurs rééditions en Haïti après sa parution, Mimola est aujourd’hui disponible au format poche chez LEGS ÉDITION. Le roman a été réédité en aout 2019 dans la collection Classique avec des notes et commentaires en vue de faciliter la lecture et la compréhension de l’œuvre.

L’HISTOIRE

Tante Rosalie est une prêtresse vaudou née au Dahomey et jetée à Saint-Domingue comme esclave. Après l’indépendance, elle s’est établie au Bel-Air avec sa fille Julie devenue Mme Georges. Au soir de sa vie, elle confie à Julie une mission : celle de jeter à la mer une vieille malle contenant les objets de son culte aux dieux africains. Par cet acte, elle entendait ne pas perpétuer la tradition, donc renoncer à tout. Comme conséquence, la malédiction s’abat sur la famille. Georges, le mari de Julie mourra suivi de 6 de leurs 7 enfants. Lala, de son vrai nom Mimola, est atteinte d’un mal incurable. Désespérée, la mère entreprend un pèlerinage à Saut d’Eau le jour de la fête du Mont-Carmel pour implorer la Vierge en faveur de sa fille…

Mirline Pierre, M.A.

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